M. Labeaume, j’ai pris connaissance de vos propos tenus jeudi dernier lors d’un événement à saveur économique. Vous y déploriez le «corporatisme» et affirmiez que «les ordres professionnels résistent pour protéger leurs membres» lorsqu’ils traitent des questions de reconnaissance des acquis et des compétences des professionnels formés à l’étranger. Cette réalité contribuerait à la pénurie de main-d’œuvre dans la ville de Québec, selon les propos rapportés dans l’article.
Je suis désolée, mais les chiffres ne vous donnent pas raison d’accuser les ordres. Notons que le nombre d’immigrants faisant les démarches d’admission à un ordre professionnel ne représente que 10 % de l’ensemble de l’immigration québécoise qui se chiffre à 50 000 personnes annuellement. Une proportion bien mince pour régler les problèmes de main-d’œuvre de la région de Québec. Toutefois, je vous informe que les 46 ordres ont délivré plus de 14 500 permis de pratique des cinq dernières années.
Les ordres professionnels ont reçu le mandat du législateur de s’assurer que les immigrants aient une formation et des compétences équivalentes à celles des personnes formées au Québec. C’est un enjeu d’équité et de protection du public. Les ordres doivent appliquer avec diligence les règlements en vigueur autorisés par le gouvernement. C’est dans cette optique qu’ils prescrivent des stages ou des formations d’appoint aux immigrants qui ne satisfont pas les critères de pratique d’une profession au Québec.
Par contre, plusieurs centaines de ces candidats compétents et motivés à travailler se butent à l’absence de places en stage, autant dans le réseau public que dans les entreprises privées, ainsi qu’à la difficulté d’accéder à la formation d’appoint prescrite par un ordre, mais donnée par les universités et les cégeps de la province.
Les vrais défis, ils sont là! Travaillons ensemble afin de trouver des solutions durables pour assurer un accès rapide à la formation d’appoint et aux stages afin que ces professionnels puissent obtenir rapidement les exigences requises par les standards québécois. Fournissons-leur les outils afin de pouvoir obtenir le financement nécessaire pour la poursuite de ce projet et accompagnons-les dans le cheminement vers le marché de l’emploi. La Ville de Québec voudrait-elle innover en cette matière?
On remarque que le taux de chômage des immigrants déjà admis dans un ordre est supérieur à ceux formés au Québec. Les ordres ne sont pas responsables des politiques d’embauche. En conclusion, des freins à l’intégration des professionnels formés à l’étranger, il en existe toujours. Mais, il est faux de dire, en 2018, qu’ils relèvent principalement de l’action des ordres professionnels qui ne demandent pas mieux que d’augmenter leur nombre de membres.
Texte paru le 6 février 2018 dans le quotidien Le Soleil de Québec.